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Mesurer l’impact de vos actions associatives

Si chaque association est persuadée du bien-fondé de ses actions, il n’en est pas toujours de même pour les personnes extérieures, à commencer par les financeurs. Ceux-ci demandent d’estimer comment les activités et les actions associatives ont amélioré la vie des bénéficiaires. D’où la nécessité pour les associations de mesurer leur impact social.

Cet article ne vise pas à être exhaustif sur la question de la mesure d’impact. Des cabinets se sont spécialisés pour accompagner les grandes associations dans l’édition de ces indicateurs. Des ressources en ligne sont également disponibles pour expliciter les tenants et aboutissants de la mesure d’impact.

Ici, nous envisagerons la première étape dans la mise en place des indicateurs de base dans une petite association. Même si chaque association est unique, un socle commun s’impose, entre les indicateurs qualitatifs et les indicateurs quantitatifs.

Puis nous aborderons comment utiliser ces indicateurs pour communiquer auprès de l’ensemble de l’écosystème associatif.

1. Comprendre l’impact des actions associatives

L’impact dans le contexte associatif fait référence aux changements positifs générés par les actions d’une association sur ses bénéficiaires et la communauté. Mesurer cet impact permet de démontrer l’efficacité des actions, d’attirer des financements et d’améliorer les programmes.

« L’impact social consiste en l’ensemble des conséquences (évolutions, inflexions, changements, ruptures) des activités d’une organisation tant sur ses parties prenantes externes (bénéficiaires, usagers, clients) directes ou indirectes de son territoire et internes (salariés, bénévoles, volontaires), que sur la société en général. Dans le secteur de l’ESS, il est issu de la capacité de l’organisation (ou groupes d’organisations) à anticiper les besoins pas ou mal satisfaits et à y répondre, via ses missions de prévention, réparation ou compensation. Il se traduit en termes de bien-être individuel, de comportements, de capabilités, de pratiques sectorielles, d’innovations sociales ou de décisions politiques »

selon la définition donnée par le Conseil Supérieur de l’Économie Sociale et Solidaire (CSESS) en 2011.

2. Les principaux indicateurs à compiler

  • Indicateurs quantitatifs :
    • Nombre de bénéficiaires atteint•es
    • Taux de participation aux activités
    • Nombre d’événements organisés…

Exemple : une association d’accueil de personnes primo-arrivantes mesurera le nombre de personnes ayant suivi ses cours d’alphabétisation et le taux de réussite aux tests internes.

  • Indicateurs qualitatifs :
    • Satisfaction des bénéficiaires
    • Changements observés dans le comportement ou les conditions de vie des bénéficiaires et de leurs proches (bénéficiaires directs et indirects)
    • Témoignages et retours d’expérience

Exemple : une association d’aide aux personnes sans-abri recueillira des témoignages sur l’amélioration de la qualité de vie des bénéficiaires après distribution de kits d’hygiène.

  • Indicateurs financiers :
    • Coût par bénéficiaire
    • Retour sur investissement social (SROI)

Exemple : une association gérant une épicerie solidaire en zone rurale pourra estimer le coût par panier distribué en tenant compte des coûts des produits et des coûts opérationnels.

Les attentes de vos financeurs… et ce que votre association peut proposer

La mesure d’impact vise à apprécier le changement apporté par les actions de l’association dans la vie de ses bénéficiaires. Il est donc question d’estimer les effets concrets comme résultat des actions. Or, la frontière est parfois floue entre ces indicateurs et les indicateurs de pilotage qui se concentrent sur le suivi opérationnel et la performance des activités de l’association. 

Les financeurs qui investissent dans les projets portés par l’association s’attendent à des preuves tangibles du bien-fondé de leur engagement. Quand, dans un appel à projet, il est demandé à l’association quels indicateurs elle pourra fournir, attention à ne pas vouloir trop en faire. Mieux vaut proposer des indicateurs réalistes et pertinents, en phase avec les objectifs du projet et surtout adaptés à la réalité associative, qu’une liste interminable et hors sol par rapport au projet, aux personnes qui le pilotent et aux ressources disponibles. 

Ainsi définissez vos critères d’évaluation pour qu’ils soient adaptés à votre écosystème associatif, prenant en considération toutes les personnes intéressées au projet et le territoire sur lequel il est mis en place.

La question de la valorisation des heures de bénévolat

Même si cet indicateur n’est pas toujours déployé dans les associations, il est devenu au fil du temps un levier important pour optimiser certaines demandes de financement. Ce qui sous-entend qu’il faut penser le recueil régulier des heures de bénévolat pratiquées dans l’association en amont, dès l’arrivée de la personne bénévole.

Cette démarche s’inscrit dans la conception de la pratique bénévole et dans le pilotage de la vie associative.

Libre à l’association de calculer la valeur des heures de bénévolat en choisissant un taux horaire de base (SMIC), un taux horaire moyen pour un poste salarié équivalent ou le coût d’une externalisation de la mission auprès d’un•e prestataire (mission qualifiée ou experte).

L’objectif est de mettre en avant la contribution économique des bénévoles et de l’exprimer comme ressource de l’association, à la fois en ETP (équivalent temps plein) et en valorisation financière.

3. Méthodologie pour mesurer l’impact

4. Bonnes pratiques pour une évaluation réussie

Pour que l’évaluation soit complète et représentative, la mobilisation et la participation de toutes les parties prenantes est essentielle. Cela signifie qu’il faut penser non seulement à l’implication des bénéficiaires mais également à celle des bénévoles, des salarié•es, des stagiaires, des volontaires en service civique… Ne pas oublier d’inclure dans le périmètre de l’évaluation les autres partenaires dans le cas de projets en co-construction, que ce soit des associations, des entreprises, des prestataires ou des structures publiques.

Même si votre association estime que les indicateurs recueillis ne sont pas conformes à ses attentes, mieux vaut les communiquer à toutes les parties prenantes que de les garder pour soi. Partager les résultats et communiquer sur ceux-ci montre que l’association s’inscrit dans une démarche de transparence. En outre, de « mauvais » indicateurs sont une motivation supplémentaire pour ajuster les projets dans une perspective d’amélioration continue

Car cette évaluation s’inscrit dans le temps long.  

Exemple : une association œuvrant pour l’insertion professionnelle pourrait mesurer le taux d’emploi durable de ses bénéficiaires six mois après la fin du programme, puis un an après.

Le conseil en plus

  • Inscrivez dans vos bonnes pratiques le process de collecte des données.
  • En mode projet, désignez une personne responsable – idéalement une administratrice ou un administrateur – en charge de piloter cette mission.
  • Constituez une équipe dédiée à la collecte et à l’analyse des données.
  • Mettez en place un agenda avec des points d’étape pour s’assurer que les opérations sont bien menées et que les questionnaires et formulaires sont bien complétés. Un questionnaire de satisfaction envoyé un mois après l’événement aura moins de chance d’obtenir des réponses qu’une demande effectuée le lendemain ou le surlendemain. 
  • Pensez automatisation afin de ne pas mobiliser trop de temps sur la collecte et en libérer pour le suivi et l’analyse

5. Communiquer les résultats efficacement

En vous engageant dans cette démarche, vous allez collecter un nombre important de données. Mais toutes n’auront pas la même valeur. Il est donc primordial de savoir quels résultats vous allez diffuser selon les publics concernés. Et surtout comment vous allez adapter le message pour qu’il soit compréhensible par le plus grand nombre.

L’usage des supports visuels est recommandé pour diffuser vos résultats. Attention cependant à bien choisir le format de vos graphiques. Un graphique en nuage de points peut être visuellement plus élégant, si les personnes qui le regardent ne comprennent pas l’information qu’il veut transmettre, le message tombe à l’eau.

Pour diffuser les résultats quantitatifs, une infographie reprennant les principaux indicateurs sera pertinente alors que des témoignages audio ou vidéo seront plus parlant pour illustrer les résultats qualitatifs.

Le conseil en plus

Déclinez les résultats de votre mesure d’impact sur tous vos canaux de communication :

  • dans votre rapport annuel présenté à l’assemblée générale 
  • sur votre site web pour informer le grand public de vos réussites 
  • sur les réseaux sociaux sous forme de carrousels ou d’infographie des indicateurs clé
  • dans votre newsletter pour informer vos membres des actions et progrès de l’association
  • lors d’événements ou de forums associatifs comme expression du sérieux de vos actions
  •  

Vous l’aurez compris, mesurer l’impact de vos actions n’est pas une démarche anodine. Cette mesure s’inscrit à la confluence de la stratégie de développement, du pilotage opérationnel, de la recherche de fonds, de la communication… C’est également une mesure qui s’inscrit dans le temps long. Enfin, c’est une action à penser en mode projet pour en assurer sa réussite.

Représentation visuelle des liens entre les ressources mobilisées, les activités réalisées, les résultats immédiats, les changements observables et les impacts durables.

FAQ

Qu’est-ce que la mesure d’impact social ?

La mesure d’impact consiste à évaluer les effets réels d’un projet ou d’une action sur ses bénéficiaires, la communauté et/ou l’environnement. Elle cherche à savoir ce qui a changé grâce à l’intervention de l’association.

Quelle est la différence entre un indicateur de pilotage et un indicateur d’impact ?

Les indicateurs de pilotage servent à suivre le bon déroulement des activités internes (ex. : respect du calendrier, niveau de participation, budget consommé). Les indicateurs d’impact mesurent les transformations produites sur le terrain (ex. : amélioration du bien-être, retour à l’emploi, réduction du décrochage scolaire).

Pourquoi les financeurs demandent-ils des indicateurs d’impact ?

Les financeurs publics et privés souhaitent s’assurer que leur soutien génère des effets concrets et durables. La mesure d’impact leur permet de communiquer sur ce que leur engagement auprès des associations a apporté sur le terrain.

Que faire si mon association n’a pas encore commencé à mesurer son impact ?

Soyez réaliste pour commencer : choisissez un ou deux indicateurs simples mais significatifs. Misez sur les témoignages des bénéficiaires avec des entretiens en vis-à-vis ou des questionnaires. Recueillez également les avis des bénévoles sur le terrain. 

Combien d’indicateurs faut-il proposer dans une réponse à un appel à projet ?

Entre 2 et 5 indicateurs bien choisis suffisent souvent. Veillez à ce qu’ils soient spécifiques, mesurables et atteignables. Évitez la tentation de trop en faire, au risque de vous retrouver dans l’incapacité de collecter et d’analyser correctement les données. Pensez surtout aux ressources – bénévoles, temps – qui vous seront nécessaires pour réunir les données.

Peut-on intégrer la parole des bénéficiaires dans la mesure d’impact ?

Absolument ! Les témoignages des bénéficiaires viennent compléter et enrichir les indicateurs chiffrés. Dans la tenue de vos entretiens, n’hésitez pas à demander quelle était la situation de départ, ce que la personne attendait de l’association, comment s’est passée l’action, ce que cela a changé dans sa vie et dans celle de ses proches… 

Si vous avez besoin d’aide pour penser vos indicateurs et votre mesure d’impact, un seul réflexe : prenez rendez-vous ! Je vous offre une heure d’échanges pour parler de vos attentes.